Bernard Werber, poésie, GoldenEye 007

par | Fév 2023

Un aveu : je me penche assez peu du côté des jeux amateurs. Étant enseveli sous les dizaines, centaines, milliers de jeux qui sortent annuellement tous supports confondus (PC, consoles, mobile, VR), je manque cruellement de temps pour jouer à ces jeux amateurs, créés généralement par une seule personne ou une toute petite équipe, et non destinés à la vente.

Pourtant, ils font partie de mon discours. Quand je fais une conférence sur les métiers du jeu vidéo par exemple, j’aime conclure par “on peut aussi faire des jeux pour le plaisir de faire des jeux, pour soi, pas spécialement pour les vendre ou en faire un métier”, comme on peut l’imaginer pour l’écriture, le dessin, la peinture ou toute autre activité créative et artistique. Pour autant, je ne prends que rarement le temps de voir ce qui se fait du côté de la scène amateur, dont les productions sont notamment visibles sur la plateforme itch.io.

Ces jeux sont pourtant essentiels au paysage vidéoludique.
C’est durant ma formation au Liège Game Lab, que j’ai redécouvert leur absence de « l’histoire officielle » du jeu vidéo alors que leur importance est primordiale dans l’élaboration et l’évolution de l’industrie.

C’est pourquoi je profite de cette newsletter pour vous partager ma découverte de Stereogram – un jeu pas tout à fait amateur puisqu’on peut le payer en don libre à son auteur, Daniel Linssen, game designer qui a réalisé beaucoup de micro-jeux indépendants et expérimentaux. Un jeu pas tout à fait amateur donc, mais trouvable uniquement sur itch.io et qui nous rapproche un peu plus de cette sphère indé obscure et hyper créative, à l’écart des canaux de diffusion et distribution habituels. Vous en trouverez une description détaillée un peu plus bas !

En espérant que ça vous plaise,

– Niki

L’actu Atelier Pop Culture et Ludistart

“Nuit de la lecture” à la médiathèque de Grenade-sur-Garonne

La “Nuit de la lecture” à la médiathèque de Grenade-sur-Garonne, c’était très chouette ! Cinq postes de jeux rétro en libre accès tout le samedi, un tournoi l’après-midi, de la curiosité, de l’ambiance, des duos parent-enfant qui jouent ensemble et (re)découvrent des jeux vieux de trente ans, une micro-exposition en vitrine, une table de documents, l’inscription à la médiathèque de personnes qui n’étaient jamais venues et se sont déplacées pour l’occasion… une belle réussite.

J’ai beaucoup apprécié aussi tout ce que nous avons mis en place avec la médiathèque d’Auterive, à savoir l’exposition sur le jeu vidéo comme objet culturel, des postes de jeux en libre accès et des conférences… un programme complet comme je les aime 🙂

Février se termine pour moi avec une conférence sur les métiers du jeu vidéo à Bessières, un tournoi à la médiathèque José Cabanis de Toulouse, puis une soirée jeux à la ludothèque de Verfeil. De quoi s’occuper, avant ma participation au festival Press Play de Colomiers, en mars.

Ce mois-ci j’ai joué à…

Stereogram

Titre : Stereogram
Genre : plateforme
Studio : Daniel Linssen
Éditeur : –
Prix : montant libre
Joué sur : PC
PEGI : –

Stereogram est un jeu de plateforme développé par Daniel Linnsen, sorti sur PC uniquement.

Composé de cent « pièces » réparties sur six zones différentes (caverne, extérieur pluvieux, montagne enneigée…), il s’agit là d’un jeu de plateforme 2D tout à fait classique dans ses mécaniques. On court, on saute, on rebondit sur les murs. Puis, se rapprochant du genre metroidvania, le jeu nous débloque un double saut, qui va nous permettre d’atteindre des plateformes plus éloignées. Puis triple, puis quadruple saut, de quoi atteindre la fin du jeu.

La partie plateforme est parfaitement maîtrisée par son concepteur. Le jeu n’est pas évident et on tombe très souvent dans le vide, mais quand on a compris le chemin à suivre et qu’on a saisi comment bien utiliser les sauts et rebonds sur les murs, ça va mieux. Finalement, si le jeu est parfois difficile, c’est moins à cause des mécaniques de plateforme que de sa particularité visuelle.

Et voilà trois paragraphes décrits, sans à aucun moment n’avoir évoqué la spécificité de ce jeu expérimental : son usage de la stéréographie. Visuellement, le jeu est composé de deux rectangles verticaux, emplis de “bruit”, à l’image des télévisions d’antan ayant du mal à capter le signal.
Aux joueurs de loucher comme il faut jusqu’à visualiser un troisième cadre au centre, mélangeant le contenu des deux autres. Faisant ainsi apparaître notre « personnage » (un ensemble de bruit visuel plus condensé) et les plateformes et murs des niveaux. Parvenir à voir tout ça est déjà un exercice en soi, peu évident. Garder le bon niveau de strabisme durant plusieurs minutes pour avancer dans le jeu sans fatiguer en est un autre. Cette vue très particulière contribue à la difficulté du jeu. Par moments on fatigue, on a du mal à distinguer les plateformes mouvantes, celles qui apparaissent puis disparaissent, bref, à la difficulté du jeu s’ajoute la difficulté de voir le jeu.

Mais peu importent les chutes mortelles à répétition ou même l’absence de sauvegarde qui nous oblige à finir le jeu d’un trait. Ce qui compte, c’est le plaisir d’expérimenter quelque chose de nouveau, de différent. Cette stéréographie dont on sait qu’elle ne sera jamais présente dans les jeux grands publics, du fait de son manque d’accessibilité naturelle.

En bref, un bon jeu qui mérite d’être défendu malgré ses obstacles, ne serait-ce que pour l’importance de valoriser l’innovation et l’expérimentation.

Extrait de Tinykin

Un peu d’actu

Les fourmis de Bernard Werber

Les fourmis, célèbre roman de Bernard Werber, va être adapté en jeu vidéo. Pris en main par l’éditeur français Microïd, auquel on doit un grand nombre d’adaptations de BD en jeu vidéo, le projet base sa communication notamment sur les visuels photoréalistes des insectes et de leur environnement.

– La plus si prestigieuse mais néanmoins historique marque Atari va ressortir du hardware, en partenariat avec My Arcade. Une borne mini, une console portable et une console de salon sont attendues. Curieux de voir ce que va proposer l’entreprise, cinquante ans après avoir lancé Pong.

Le cultissime GoldenEye 007, sorti sur Nintendo 64, a été remasterisé pour être jouable sur Switch et sur Xbox. Ça a vieilli comme ça a vieilli (c’est toujours tout carré, le gameplay est parfois… étonnant) mais pour moi qui n’y ai pas joué à l’époque, c’est un bon plan.

– Dans la catégorie des doux dingues qui s’approprient le jeu vidéo pour le pétrir, le déformer et en faire ce qu’ils veulent, DeTwelveGames a recréé le premier Zelda sur le Doom Engine, le moteur de jeu de Doom donc. Résultat : « the legend of Doom », un Zelda jouable en vue à la première personne.

The Legend of Doom

Dans les médias

ivre, il crée un jeu culte

Ihatovo Monogatari, jeu de poète

Je suis tombé sur ce thread Twitter datant de 2019, qui m’a pas mal intéressé. L’auteur parle du jeu Ihatovo Monogatari, sorti sur Super Famicom (la Super NES japonaise) et inspiré de l’oeuvre du poète japonais Kenji Miyazawa.

Super Mario Kart a 30 ans

Comment naît un jeu vidéo ?

Dans ce reportage Arte, on suit les différentes étapes de création d’un jeu vidéo et les métiers concernés, en prenant l’exemple de Mario et les Lapins Crétins et de Just Dance. Didactique, bien fichu, ce reportage est une bonne base pour aborder la création de jeux vidéo avec les plus jeunes.

Super Mario Kart a 30 ans

Quand les gamers s’habillent en Gucci

On a déjà parlé mode et jeux vidéo deux-trois fois dans ces colonnes. Je reviens sur le sujet avec cet article de Vice, plutôt orienté marketing et communication : pourquoi les marques de luxe investissent-elles dans le jeu vidéo ?

Une p’tite anecdote pour terminer ?

Hanafuda Nintendo

Eh bien non, pas d’anecdote ce mois-ci. Je mets quand même un visuel (détail) du jeu Pentiment (Obsidian Entertainment), parce que c’est rigolo. On se retrouve bientôt pour parler jeu vidéo français et musée !

Bon mois de février à tous, on se retrouve début mars !