Boris Vian, jardin japonais et musée virtuel

par | Juil 2023

Le mois dernier, il m’a semblé important de préciser à qui s’adresse cette newsletter et pourquoi j’y mets autant de temps et d’énergie. Le message est apparemment passé, j’ai reçu plusieurs réponses de soutien pour ce travail, de bibliothécaires qui y trouvent de quoi nourrir leurs projets et leur culture vidéoludique. À mon tour de vous remercier pour ces gentils mots, il semble que ces contenus vous plaisent et j’en suis ravi !

Sans transition, parlons jeux dématérialisés.
En jetant un oeil au Bilan du marché français du jeu vidéo en 2022, il apparaît que les jeux physiques représentent 18% des ventes, quand les contenus dématérialisés composent les 82% restants. Mais ! Les chiffres sont trompeurs, en ce que plus de 50% des ventes faites en dématérialisé ne sont pas des jeux complets, mais du contenu additionnel. DLC et achats in-app divers (les skins Fortnite par exemple) représentent la plus grande part du gâteau.

Ce qui m’interroge sur deux problématiques :
– la capacité des médiathèques à pouvoir acheter en ligne (tous les jeux ne sortent pas en boîte, on passe à côté de beaucoup de choses en se limitant au physique)
– la pertinence pour ces établissements d’acheter des DLC, ces contenus additionnels qui viennent prolonger les expériences de jeu (circuits supplémentaires dans Mario Kart, le DLC Castlevania pour le cultissime Dead Cells dont on parlait le mois dernier, niveaux et modes de jeux en plus…).
Je pense qu’il est important pour les médiathèques et ludothèques d’avoir accès à ces contenus, qui me semblent trop souvent ignorés ou inaccessibles par manque de moyens techniques pour les acheter. Notons que l’association Ludistart peut aider à remédier à ce problème, mais il ne s’agit que d’une rustine ; face à la dématérialisation généralisée du jeu vidéo (qui apporte son lot d’inconvénients et que j’ai plutôt tendance à regretter à titre personnel, mais difficile d’aller contre le courant), vivement que tous les établissements soient en mesure de commander leurs jeux en ligne !

En ce début de d’été, les choses vont globalement se calmer pour tout monde, alors je vous souhaite de bien profiter du soleil, de vous amuser et de vous reposer.

Bonne lecture,

– Niki

L’actu Atelier Pop Culture et Ludistart

“Nuit de la lecture” à la médiathèque de Grenade-sur-Garonne

Une période plutôt calme pour mon activité côté Ludistart, les prochaines interventions sont prévues pour septembre. En attendant, nous travaillons sur pas mal de sujets : nouveau logo, mise à jour du site avec une page ressources, bilan annuel de l’asso… en plus des mille autres projets qui sont dans les cartons ! Développement d’un petit jeu pour accompagner mes conférences, création d’une nouvelle expo, tournage de vidéos YouTube (celles-là, depuis le temps que j’en parle…), les sujets sont riches et variés.

Cet été sera un moment de calme privilégié pour avancer sur tous ces projet (du moins je l’espère) !

Ce mois-ci j’ai joué à…

Wise Garden

Titre : Wise Garden
Genre : réflexion
Studio : Double Machine
Éditeur : —
Prix : 9,99 €
Joué sur : PC, prévu sur mobile en 2024
PEGI : —

Wise Garden (bande annonce) est un jeu de puzzle se déroulant dans un univers fantastique inspiré du japon féodal.

Vous incarnez Tachibana (du nom de l’auteur d’un guide de conception de jardins, écrit au XIème siècle) un jeune passionné de jardinage. Niveau après niveau, vous intervenez sur des terrains découpés en damier et devrez composer les plus beaux jardins en ratissant le sable d’un point A à un point B, avec obligation de passer sur toutes les cases.

Facile me direz-vous. Sur les premiers niveaux oui, jusqu’à ce qu’on comprenne que chaque chapitre apporte sa nouvelle mécanique, sa petite contrainte qui va bouleverser votre art.
Les rochers qu’il faut absolument contourner, les dalles sur lesquelles on doit passer deux fois, ou encore les buissons qui vous obligent à ratisser tout droit jusqu’à rencontrer un mur avant de faire demi-tour… les neuf chapitres de Wise Gardens sont riches en mécaniques huilées qui vous obligent à vous creuser la tête.
Pas de panique cependant, un système d’indice plutôt généreux vous aidera à avancer si votre cerveau, comme c’est arrivé au mien, se met à fumer.

La direction artistique est magnifique, les musiques et sons très agréables, le jeu est un régal pour les, yeux, les oreilles et le cerveau, tout du long des 150 niveaux de la trame principale. Parce qu’en plus, il y a une histoire oui ! Celle d’un jeune jardinier qui quitte son foyer dans l’espoir de travailler sur les plus beaux jardins, et qui ira de péripéties en rencontres surnaturelles.

Disponible uniquement sur PC pour le moment, prévu sur mobile dans les mois à venir, Wise Garden est une petite pépite française méconnue qui ravira les amateurs de zen et de défis intellectuels.

Un peu d’actu

manette Access Sony

Capcom fête ses 40 ans ! L’éditeur japonais, qui a marqué le jeu vidéo par ses licences iconiques, a mis en ligne un site dédié : Capcom Town. Un joli site qui met en valeur Street Fighter, Mega Man, Monster Hunter, Resident Evil et tout un tas d’autres jeux, à coups de vidéos, interviews, documents de design d’époque (certains sont très marrants !) et goodies à télécharger.

– Convaincu de son importance, je mets souvent en avant la presse spécialisée jeu vidéo. Malgré sa situation difficile (c’est pas peu dire !) des initiatives émergent, à l’instar d’Origami, le projet de média lancé en financement participatif par un collectif de cinq journalistes.

S’il n’y a pas eu d’E3 cette année encore (l’événement gaming le plus influent au monde, achevé par le COVID, pourrait renaître de ses cendres dans quelques années, mais sous quelle forme ?) les éditeurs nous ont tout de même gavés d’une douzaine de micro-événements en ligne rassemblé sous la bannière du Summer Game Fest, pour annoncer leurs projets à venir. Curieux de ce qui a été présenté cette année ? Un récap est disponible ici.

– Ces dernières semaines, on vu de gros jeux pointer le bout de leur nez : Zelda Tears of Kingdom, Street Fighter 6, Diablo IV et autres Final Fantasy XVI ont pris une place imposante dans l’actualité vidéoludique. Mais il faut aussi compter sur deux sorties de productions françaises très attendues : Dordogne et To Hell With the Ugly. Ce dernier, développé par le studio La Poule Noire et édité par Arte, est une adaptation du roman “Et on tuera tous les affreux” de Boris Vian. Sorti sur PC, Xbox, PlayStation et Switch, je n’ai pas eu le temps de le lancer mais le jeu est superbe et j’espère vous en reparler bientôt !

To Hell with the Ugly

Dans les médias

Arnaques, crimes et As de pique

Que nous cachent les peintures de Card Shark ?

Card Shark vous met dans la peau d’un tricheur. Accompagnant le Comte de Saint Germain dans des parties de cartes peu scrupuleuses, vous devrez maîtriser certaines techniques pour l’aider à gagner. Dans cette vidéo de la chaîne Homo Ludens, l’auteur décortique les peintures présentes dans le jeu, faisant le lien avec des œuvres existantes, et analyse le sens et l’intérêt de leur présence dans Card Shark.

La pire console : les consoles oubliées

L’histoire surréaliste de la pire console : la Gizmondo

Friands d’histoire du jeu vidéo ? La chaîne Sakharu nous en raconte de bien belles dans ses vidéos. La preuve par l’exemple avec cette histoire folle de la Gizmondo, console portable méconnue, dont l’origine démarre au sein de la mafia suédoise…

Une p’tite anecdote pour terminer ?

Musée d'Animal Crossing

Pour l’anecdote de ce mois-ci, je ne prends pas trop de temps… je copie-colle un de mes posts LinkedIn ! Dans celui-ci, je m’intéresse à la présence d’un musée des Beaux-Arts dans animal Crossing: New Horizons et à la subtile mécanique implémentée par les game designers pour inciter les joueurs à en apprendre plus sur les œuvres exposées dans cette galerie virtuelle…

Dans Animal Crossing: New Horizons, il y a tout un musée à remplir. Et parmi les différentes ailes du musées (insectes, fossiles…) il y a celle dédiée aux Beaux-Arts. Vide au début du jeu, il faut acheter les œuvres auprès d’un personnage nommé Rounard (un renard oui).

Les dizaines d’œuvres à collectionner sont des classiques : l’incontournable Joconde, la Liberté guidant le peuple de Delacroix, le Discobole de Myron, la Grande Vague de Kanagawa par Hokusai…
Une fois achetées, on peut les placer dans le musée et lire le cartel qui donne un peu de contexte à l’œuvre.

Plutôt cool ? Oui, mais ce n’est pas là que je trouve le génie de cette mécanique de collection.

En effet, Rounard, roublard, propose parfois des faux à la vente ! Ces faux une fois acquis ne servent à rien. Thibou, le hibou conservateur du musée, les refusera.

La solution ? Les faux ont de petites différences visuelles avec les œuvres originales. Par exemple, pour distinguer la vrai peinture de la Laitière de Vermeer et sa copie, il faut observer la quantité de lait versée.
Sauf que rien dans le jeu n’aide à discerner les copies des originaux… il faut donc lâcher la console, faire une recherche pour voir à quoi ressemble l’original et comparer avec l’œuvre proposée par Rounard dans le jeu.

Les joueurs et joueuses qui ne connaissent pas toutes ces œuvres classiques sur le bout des doigts sont alors obligés de se renseigner dessus hors du jeu pour ne pas se faire avoir.

Voilà l’idée géniale du musée d’Animal Crossing. Un moyen subtil et amusant qui incite à (re)découvrir et s’intéresser aux œuvres “dans la vraie vie” pour ne pas se faire avoir dans le jeu !

Musée d'Animal Crossing

Bon mois de juillet à tous, on se retrouve début août !