Dans la nuit du 8 au 9 décembre avaient lieu les Game Awards. Cette cérémonie annuelle a lieu à Los Angeles et était l’occasion de récompenser des jeux et personnalités dans diverses catégories, ainsi que d’annoncer une grosse poignée de projets à venir.
Une cérémonie pertinente ? Intéressante ? Légitime ? Comme son petit équivalent français des Pégases, cet événement attire quelques critiques. Qu’on l’aime ou pas, elle reste une occasion de découvrir des jeux, les défendre auprès des détracteurs, commenter les nouveautés, débattre et s’interroger sur l’industrie, ses personnalités, ses forces, ses faiblesses.
Et pour les résultats ? Elden Ring a remporté quatre prix, God of War: Ragnarok six, et le montpelliérain Stray est récompensé de deux statuettes, dont meilleur jeu indé.
La liste des nommés et vainqueurs, c’est par ici !
– Niki
L’actu Atelier Pop Culture et Ludistart
Une première pour moi, j’ai pu animer une journée jeu vidéo dans un musée ! C’était samedi 10 décembre au musée de l’aéronautique Aéroscopia, près de Toulouse.
Le lieu est superbe et il y avait quelque chose de grandiose à installer des postes de jeux sous les ailes d’un authentique Concorde. Sans compter le plaisir de faire le lien entre les avions jouables dans les différents jeux mis à disposition des visiteurs et les avions réels présents dans le musée !
Ce fut ma dernière intervention de cette année très chargée, je vais pouvoir me reposer un peu avant d’attaquer l’année suivante.
Au programme de 2023 : de multiples conférences, ateliers, animations, quatre formations en médiathèques départementales et un nouveau festival jeu vidéo près de Toulouse auquel Ludistart participe activement !
Ce mois-ci j’ai joué à…
Titre : Horizon Chase Turbo
Genre : courses de voitures
Studio : Aquiris Game
Éditeur : –
Prix : 20 €
Joué sur : PC, dispo sur PS4, Xbox, Switch et mobile
PEGI : 3
Horizon Chase Turbo est un jeu de courses de voitures sorti en 2018, hommage aux jeux de courses des années 80/90 (bande annonce).
Découvert en cherchant de bons jeux de course, accessibles (pas de simulateurs type Gran Turismo par exemple), à la conduite typée arcade et surtout jouables à plusieurs sur le même écran, j’ai été surpris de découvrir qu’il n’y avait quasiment aucune proposition récente répondant à ces critères.
Horizon Chase Turbo est donc une pépite qui a toute sa place en médiathèque ou ludothèque.
Dans HCT, tout renvoie aux années 80/90. Visuellement, c’est une farandole de couleurs vives, agréables à l’oeil. Les voitures et décors suivent une très jolie direction artistique, avec un aspect low-poly – ces graphismes 3D “taillés à la serpe”, hérités de l’époque où les machines n’avaient pas la puissance pour tendre au photoréalisme.
Une ambiance sonore rétro enveloppe le tout. Et pour cause, la musique est signée Barry Leitch, vieux de la vieille de la musique de jeu vidéo qui a notamment travaillé sur les jeux Top Gear et Rush 2. Avec le mythique Out Run, nous tenons la sainte trinité des jeux de course rétro dont s’inspire notre Horizon Chase Turbo.
Manette en main, tout est simple et fluide. Sur un circuit fermé, on a trois tours pour finir sur le podium face à une dizaine de concurrents. On accélère, on freine, on prend des virages serrés et on met le turbo dans les lignes droites pour dépasser un maximum d’adversaires. La sensation de vitesse est grisante et il faut rapidement développer quelques réflexes pour s’en sortir. Les premiers circuits sont assez faciles à appréhender et on arrive facilement premier, mais les choses se gâtent au fur et à mesure et finir parmi les trois premiers devient vite un défi. Il faut bien gérer ses boosts de vitesse, son carburant (pensez à ramasser les bidons d’essence dispersés çà et là) et à éviter autant que possible de heurter les véhicules adverses, au risque de perdre de la vitesse.
Avancer dans le jeu demande donc de parfaire sa conduite, mais surtout sa connaissance des circuits. Remporter les courses débloque de nouveaux circuits et des voitures, qui auront chacune leurs caractéristiques : vitesse, accélération, tenue de route, carburant et nitro. De plus, certaines courses permettent aux pilotes motivés de gagner des bonus qui améliorent leur voiture.
Horizon Chase Turbo est donc un excellente surprise. Son côté rétro radical peu rebuter, mais si on aime – ou passe outre – on prendra beaucoup de plaisir sur ce jeu facile à prendre en main mais qui devient exigeant, au contenu riche en voitures et circuits différents et à l’ambiance folle. Et je répète : il a un mode multijoueurs en écran partagé pour jouer jusqu’à quatre sur la même télé !
Stoppez les rotatives ! Je découvre que Horizon Chase Turbo n’est pas le seul jeu dans cette catégorie rétro/arcade/fun/multi local. Je viens de faire quelques courses sur Hotshot Racing (bande annonce) et si la jouabilité est assez différente que celle de HCT (moins rétro, un peu plus exigeant), les titres sont pas mal similaires. Hotshot Racing partage les qualités de Horizon Chase Turbo, un titre à considérer donc !
Un peu d’actu
– Une seconde bande-annonce du film d’animation Super Mario Bros. a été dévoilée. Pleine de références à l’univers Mario – dont la scène d’affrontement contre Donkey Kong qui renvoie au jeu éponyme dans lequel le plombier moustachu apparaît pour la première fois. Habituellement je ne fais pas de promotion spécifique pour les films adaptés de jeux. Mais là ça a l’air toujours aussi chouette, j’y crois !
– Le jeu de simulation de guerre Arma 3 est parfois utilisé pour des fake news. Des captures d’écran du jeu sont modifiées et utilisées pour illustrer de fausses informations, notamment sur la guerre en Urkaine. Conséquence : l’éditeur du jeu a publié un tuto qui explique comment distinguer les visuels tirés de jeux des véritables images de guerre.
– L’édition 2022 de l’Essentiel du Jeu Vidéo est disponible. Cette étude financée par le SELL (syndicat des éditeurs de jeux vidéo) propose toujours des infos intéressantes (âge moyen des joueurs, pourcentage de la population qui joue régulièrement, parité des genres…). À prendre avec des pincettes au vu de la méthodologie (pas d’enfants de moins de 10 ans interrogés par exemple) mais ça reste une bonne base de réflexion et d’échange autour de la pratique du jeu vidéo en France.
– Dans son doodle du 1er décembre, Google met à l’honneur Jerry Lawson, ingénieur afro-américain parmi les pionniers du jeu vidéo qui travailla sur les premières consoles dès les années 70 et contribua à créer le concept de cartouches de jeu vidéo (avant ça, les jeux étaient intégrés dans les consoles). L’apport de Jerry au jeu vidéo est mis en valeur par Google via un logiciel qui démarre sur un petit jeu de plateforme avant de laisser les joueurs créer leurs propres niveaux.
Dans les médias
L’énigme de l’itinéraire doré
Ce n’est plus tout récent mais je n’y pense que maintenant : la chaîne YouTube TheGreatReview a fait une excellente vidéo sur le jeu Tunic.
Ici, le vidéaste décortique le jeu, son univers… et ses secrets. Et il y a beauuuuucoup à dire sur ce jeu fascinant !
Fin du Game : StarCraft II
Le temps d’un podcast, on retourne 12 ans en arrière, à la sortie du légendaire Starcraft II.
Cet épisode de Fin du Game raconte l’histoire du dernier grand jeu de stratégie en temps réel, ayant laissé ensuite la place à un genre dérivé, les MOBA, dont League of Legends est le fier représentant.
Une p’tite anecdote pour terminer ?
Ce mois-ci, c’est moins une anecdote que je vous propose qu’un petit retour dans l’Histoire du jeu vidéo.
Les Game Awards évoqués en intro me rappellent chaque année l’affaire dite du “Doritos Gate”. Un petit scandale outre-Manche dont on parla peu en France, mais qui alimente encore aujourd’hui de nombreux débats sur la presse spécialisée jeux vidéo.
L’affaire prend place en 2012, suite à un article du site Eurogamer intitulé “Une table de Doritos”. Le chroniqueur Robert Florence y dénonce la promotion du jeu Halo 4 par un journaliste canadien, Geoff Keighley, sagement assis entre des bouteilles de boisson gazeuse Mountain Dew et des paquets de chips Doritos.
L’article met en cause l’intégrité des journalistes spécialisés jeu vidéo et leur collusion avec les éditeurs. Pour être plus clair, certains rédacteurs seraient vendus, corrompus.
L’article, qui évoque d’autres personnes et exemples allant dans le même sens, a mis le feu aux poudres dans une presse anglaise réputée pour son attachement très relatif à l’éthique journalistique. Il aura permis une réflexion sur le métier de journaliste spécialisé jeu vidéo, la dépendance de la presse vis-à-vis des éditeurs et de la publicité que ceux-ci paient dans leurs pages, des pressions mises sur les rédactions par l’industrie du jeu vidéo, et par extension le modèle économique de la presse spécialisée.
Aujourd’hui, dix ans ce sont écoulés depuis cette affaire. Pourtant, alors que cette même presse meurt à petit feu en France (voir la newsletter du mois dernier sur le rachat de Gamekult), le “Doritos Gate” est régulièrement brandi pour illustrer l’importance de journalistes indépendants face à des influenceurs potentiellement influencés. Là encore, les débats sont particulièrement intéressants mais sans fin, contrairement à cette newsletter.
Et Geoff Keighley (celui qui était entouré de Doritos) ? Il travaille aujourd’hui dans l’événementiel et est coproducteur et animateur des Game Awards et du Summer Game Fest. Et je ne dis pas que mon addiction aux chips Doritos – dont je me suis sorti, tout va mieux – lui est due, mais bon. Comme par hasard.
Pour en savoir plus : cet article de Numérama de 2012.
Bon mois de décembre à tous, on se retrouve début janvier !